C’est un produit manufacturé, ce qui pourrait vous inciter à considérer son installation comme annexe. Et pourtant… la mise en service d’un spa peut se révéler catastrophique si elle n’est pas correctement préparée. Pour limiter les pertes de temps et d’argent engendrées par des désagréments sous-évalués, Denis Choplain, responsable technique SCP France, livre ses conseils. Voici tout ce qu’il faut savoir pour réussir une installation de spa efficace et sereine.

Propos recueillis par Benoît Viallon
L’ETUDE EN AMONT, OU COMMENT SE PREMUNIR DES MAUVAISES SURPRISES
Qu’elle se fasse en intérieur ou en extérieur, l’installation d’un spa peut réserver son lot de surprises, bonnes comme mauvaises. Il convient donc d’appréhender les contraintes du lieu d’installation. Pour cela, une visite sur site permet de sécuriser la mise en œuvre à venir. Loin d’être superflu, ce déplacement peut être l’occasion de procéder aux derniers ajustements pour proposer au client un produit et une configuration qui lui conviendront parfaitement.
L’emplacement du spa.
S’il est installé en extérieur, le spa se doit d’être le plus près possible de la maison. S’il est trop éloigné, son utilisation risque d’être épisodique.
Dans cette même optique, il peut être judicieux de proposer au client de placer le spa sous un porche, une pergola ou un gazébo. Dans le cas d’une installation en intérieur, les matériaux doivent être adaptés à l’humidité ambiante induite par la présence du spa. Le placo doit ainsi répondre aux mêmes exigences que celui employé dans une salle de bains. Bien entendu, il est indispensable de prévoir une installation de déshumidification et une VMC pour traiter suffisamment le volume d’air de la pièce accueillant le spa. La valeur ajoutée du professionnel se mesurant au conseil qu’il est en mesure de fournir à son client, une attention particulière doit être portée à l’utilisation future du spa et à son intégration dans le lieu de vie des propriétaires. Une trop grande proximité avec les pièces de nuit peut par exemple être source de désagréments du fait d’un bruit audible depuis les chambres.

L’accessibilité du site.
Une visite du lieu d’installation permet de contrôler la faisabilité de la livraison et les difficultés logistiques inhérentes aux lieux. Cette question de l’accès se fait à différentes échelles : l’étroitesse des rues adjacentes, un stationnement réglementé, la largeur des portes, la présence de marches ou de seuils mais aussi d’angles morts, une zone de roulage sensible, etc. Ces contraintes peuvent entraîner un surcoût à ne pas négliger si l’on ne souhaite pas voir sa marge amputée. À titre d’exemple, si un camion ou un petit porteur ne peuvent pas approcher suffisamment près, il faudra envisager le recours à un engin de levage (150 euros HT en moyenne), voire à un grutage. Dans ce cas, la facture s’élève facilement à 600 euros HT.
LA PREPARATION, POUR UNE INSTALLATION DURABLE
La qualité du support.
L’exigence minimum pour la stabilité d’un spa, c’est une dalle béton de 8 à 10 cm, prenant assise sur un sol stabilisé. Ce support doit intégrer le passage d’une gaine de 40 mm pour le raccordement du spa et de l’éclairage. Idéalement, la sortie de la gaine doit être prévue à l’emplacement du boîtier électrique du spa. Dans le cas d’un projet d’installation sur un balcon ou une terrasse suspendue, la recommandation est de solliciter un bureau d’étude en génie civil. Cette étude préparatoire permet au professionnel d’être couvert à l’égard d’un risque quantifié et adapté objectivement par un organisme spécialisé.
La spécificité de l’encastré.
De plus en plus prisées, les configurations où le spa est encastré peuvent s’avérer problématiques tant dans l’usage que dans l’entretien. Le professionnel a un rôle de conseil : en ce sens, il peut être tenu responsable de ces désagréments s’il n’avait pas suffisamment alerté le client de ces problématiques potentielles.

Si le spa est trop bas, son accès peut être difficile car il revient à descendre une marche de 70 cm… Si la coque et la terrasse sont affleurantes, la mise en place correcte de la couverture sera parfois impossible, au mieux très difficile. Il est donc conseillé de laisser la cuve dépasser de la terrasse d’une quarantaine de centimètres pour faciliter l’accroche de cette couverture.
Le support doit être un fond drainant, raccordé au réseau d’eaux pluviales, ou bien équipé d’une pompe de relevage. Pour l’une comme pour l’autre des solutions retenues, il est important de vérifier que l’eau s’évacue correctement avant la livraison du spa. Un espace minimum de 80 cm doit être laissé libre sur toute la périphérie du spa pour faciliter le passage et assurer une ventilation suffisante. Toujours dans l’optique de rendre possible l’entretien futur, la finition de la terrasse doit être amovible et des sangles de levage positionnées sous le spa.
Le raccordement électrique.
Lors de la visite préparatoire, il convient de vérifier que l’abonnement EDF donne accès à une puissance suffisante pour l’alimentation du spa. L’installation doit respecter les exigences de la norme NFC 15-100 relative aux installations électriques. Chez un particulier, une distance minimale de 60 cm doit séparer le spa de l’alimentation électrique. Cette distance passe à 2 mètres dans le cas d’une installation accueillant du public (gîte, hôtel, etc.).

Pour la protection des personnes, un disjoncteur différentiel de 30 mA doit être placé en tête de ligne. Un disjoncteur mono de 16, 25 ou 32 ampères assure quant à lui la protection du matériel et de la ligne. La section de câble à retenir est fonction de l’éloignement entre le disjoncteur et le spa. Pour une alimentation en 16 ampères, un câble de section 2,5 mm2 suffit jusqu’à 24 mètres de distance. En optant pour une section de 6 mm2, l’éloignement maximum supporté est de 56 mètres avec le même ampérage. Avec une alimentation en 32 ampères, une section de 6 mm2 ne tolère plus que 28 mètres d’éloignement maximum, contre 48 avec une section de 10 mm2.
La grande majorité des équipements internes d’un spa sont configurés en 230 volts mono. Pour les appareils en 380 volts, l’alimentation est possible, et quelquefois demandée par le client final, à partir d’un compteur triphasé.
Attention cependant : cette opération requiert l’intervention d’un électricien qualifié. Il peut être nécessaire de modifier la carte électrique du spa.
Il est donc plutôt conseillé de privilégier une installation monophasée, convenant à une très grande majorité de spas. Les avantages d’un branchement triphasé ne suffisent pas à contrebalancer la complexité de l’installation.
LA LIVRAISON ET L’INSTALLATION, A LA BASE DE LA SATISFACTION CLIENT
Précaution et rigueur.
Le spa est un équipement fragile, nécessitant d’être manipulé avec précaution. Ce qui n’est pas toujours le cas lors des transports, avec des ruptures de charge malheureusement aussi fréquentes que brutales. Bien évidemment, le cutter est à proscrire lors de l’ouverture de l’emballage, sous peine d’abîmer la jupe d’habillage voire la partie supérieure de la cuve. Les emballages renferment des documents techniques et contractuels à remettre au client. Dernier réflexe à avoir : relever les numéros de série, généralement facilement repérables sur l’emballage.

Les secrets d’une mise en service réussie.
Équivalent d’un bloc de filtration pour une piscine, la platine regroupe tous les composants du spa. Pour l’assembler, il faut graisser les joints, craquer les tuyaux et assembler le tout en partant du milieu pour aller vers l’extérieur. Les serrages union, qui prennent parfois du jeu lors du transport en container, doivent être systématiquement resserrés. Dernière vérification avant la mise en eau : la présence et le positionnement correct des cartouches de filtration.
Pour le remplissage, il est recommandé d’utiliser un filtre remplissage qui agit comme un filtre à cartouche pour purifier l’eau en réduisant les résidus de calcium, de fer et de magnésium.
Dans le cas d’un spa qui a été stocké sur une longue période après une exposition en magasin, il est important de procéder à un nettoyage complet des canalisations pour supprimer le biofilm présent. Après vidange complète, le spa peut définitivement être mis en eau. Pour lutter contre le développement de ce biofilm, il est préférable d’opter pour plusieurs cycles de filtration courts permettant de décolmater les canalisations à chaque démarrage. Par exemple, l’option de deux cycles quotidiens de 4 heures convient parfaitement et permet de limiter la montée en température. En présence d’un ozonateur, il est également préférable de contrôler les temps de filtration pour se prémunir contre les risques de surchloration.

Être préparé au SAV.
La vente et l’installation d’un spa ne sont pas un aboutissement mais le point de départ d’une relation commerciale. L’enjeu est de faire revenir le client de manière régulière dans le point de vente pour générer des ventes additionnelles. Encore faut-il pour cela que le personnel soit formé au traitement de l’eau, afin de pouvoir conseiller le client autant sur l’entretien de son spa que sur son équipement. Quant à la maintenance, les opérations indispensables doivent être maîtrisées : changement de pompe, d’ozonateur, de lampe UV ou de clavier de commande, mais aussi réparation de fuite.

• Remettre et faire signer un PV de livraison
• Remettre et faire signer un PV de mise en service
• Remettre et faire signer les annexes répertoriant tout ce qui a été réalisé durant l’installation du spa
• Relever le numéro de série et l’inscrire sur la facture et la notice du client pour faciliter la gestion future des pièces détachées
• Enregistrer la garantie pour la faire démarrer à la mise en service
